Chers membres d’EASA,
Notre conférence biennale approche à grands pas. Cette fois elle aura lieu en Suède, dans le magnifique campus de l’Université de Stockholm, autour du thème Staying, Moving, Settling. Grâce aux espaces mis à disposition par l’Université, nous avons pu accepter un nombre important de panels, 165 cette année. Le travail du comité scientifique, composé de collègues issus de traditions intellectuelles différentes, a pu bénéficier de l’apport précieux d’approches, de thématiques de recherche et de sensibilités différentes dont chacun a été porteur. Cette diversité nous a permis de faire des choix que nous espérons pertinents, compte tenu de la grande quantité de panels proposés cette année. Comme lors des précédentes conférences, nous n’avons pas pu accepter toutes les propositions de panels, mais nous espérons que vous avez pu trouver des espaces d’échange pertinents et riches. Nous avons souhaité promouvoir une plus grande variété de formats : des tables rondes, des panels classiques ou encore des séances constitués des courtes présentations.
Les trois séances plénières rythmeront nos rencontres : la première, organisée par Martin Fotta, Ayse Caglar Miguel Vale de Almeida et Sarah Green, est issue de la collaboration du comité scientifique et du comité exécutif ; elle porte sur thème Anthropological knowledge production and the narratives, regimes and governance of mobility. La deuxième, à la charge du comité local et organisée par Ulf Hannerz abordera le thème des Migrants, refugees and public anthropology. La troisième, conçue par Georgeta Stoica et Sabine Strasser – membres de l’exécutif en charge du dossier concernant la précarité – et Gabriella Körling du comité local, a été mise en place à travers un appel à communications ; elle constitue le forum des jeunes chercheurs et poursuit les analyses et les discussion engagées à Berne sur la précarité, sous l’angle de l’im/mobilité, de l’incertitude et de l’espoir.
Malheureusement, en ce début d’été, la Méditerranée qui baigne les côtes de Marseille d’où j’écris ces lignes, est le théâtre de batailles politiques qui jouent avec la vie des hommes, des femmes et des enfants qui tentent de la traverser pour chercher une vie meilleure. Des frontières s’érigent là où les individus devraient pouvoir circuler. Nos travaux, en se déployant sur la longue durée, visent à une compréhension en profondeur des phénomènes sociaux ; mais nous sommes également appelés à mettre en œuvre notre analyse critique pour l’appliquer à une actualité souvent conflictuelle et difficile. Les gouvernements des Etats européens ont encore du chemin à faire pour que les droits de citoyenneté, de circulation et de vie soient réellement pris en compte et respectés. L’anthropologie peut et doit jouer un rôle dans ce changement. Je suis très heureuse que nos rencontres soient ouvertes par Shahram Khosravi, Professeur d’Anthropologie sociale à l’Université de Stockholm, dont la vie, la carrière et les travaux constituent à la fois un témoignage et une contribution précieux pour la compréhension des phénomènes migratoires et de leurs effets sur la vie des hommes et des femmes (ceux qui se déplacent, ceux qui restent, ceux qui accueillent).
Mais les inégalités, les rapports de pouvoir, l’exploitation, les discriminations s’exercent aussi dans nos espaces de recherche et d’enseignement. Afin de corriger, au moins en partie, cette presbytie, notre conférence se veut aussi un lieu ouvert à cette question. Nous vous invitons à découvrir les différents espaces de débat proposés. Parmi les diverses tables rondes, celles organisés par des membres de l’exécutif, European Directory of Social Anthropologists (EDSA), table ronde liée au projet que l’exécutif soutien avec le Max Plank institute, et Anthropology after data (management) : access, infrastructure, ethics ; ou encore le débat organisé par le collectif PrecAnthro. Les rencontres et les panels des networks (28 organisent des panels, pour environ 45 panels), les laboratoires et le programme filmique contribueront à enrichir l’éventail de nos outils de recherche et de communication.
Une conférence de cette taille et de cette ampleur n’a pas pu être mise en place sans le travail accompli au quotidien par l’équipe motivée qui, depuis des mois, se consacre avec enthousiasme à son organisation : je pense à Helena Wulff et Lotta Björklund Larsen et à tous les membres du comité local grâce auxquels cette rencontre pourra avoir lieu. Mais je pense aussi au travail minutieux de l’équipe de NomadIT que je remercie chaleureusement pour sa présence efficace aux côtés de l’exécutif, en affrontant les imprévus liés à l’organisation d’une conférence, elle permet que nous nous retrouvions tous les deux ans dans une ville d’Europe différente.
Un mot sur le travail de l’exécutif ce dernier trimestre : nous avons poursuivi les activités lancées lors de l’AGM de Berne sur la précarité. Une enquête su les conditions de travail des anthropologues vient d’être lancée en partenariat avec le collectif PrecAnthro, https://ww2.unipark.de/uc/easa/
J’espère que vous avez pris le temps d’y répondre ou que vous allez le faire bientôt ! L’EASA est désormais membre, en plus de l’EASSH (European Association of Social Sciences and Humanities), du Scholar at Risk Network, et nous participons aux activités de l’ISE (Initiative for Science in Europe). L’EASA sera représentée par Georgeta Stoica à la prochaine rencontre du WCAA qui aura lieu à Florianopolis (Brésil) mi-juillet. Ces relations nous permettent d’être présents dans des groupes de pression à l’échelle européenne et internationale, non seulement pour rendre l’anthropologie plus visible mais aussi pour peser plus efficacement dans les batailles que nous menons ou que nous soutenons, en faveur de l’anthropologie ou à travers l’anthropologie.
Au plaisir de vous rencontrer à Stockholm !
Valeria Siniscalchi
Présidente de l’EASA